18 octobre 2018 | International, Aérospatial

AIR2030: A la rencontre de Dassault et du Rafale

Alexis Pfefferlé

Une industrie de la défense en Suisse ?

Existe-t-il une industrie de la défense en Suisse ? Cette question, pertinente, fut posée par certains parlementaires à l'heure de décider si le programme AIR 2030 devait être conditionné à des affaires compensatoires.

La réponse à cette question en Suisse n'est pas aussi claire que ce qu'elle pourrait être en France ou en l'Allemagne, pays qui possèdent des industries lourdes dévolues entièrement au secteur sécurité & défense.

En Suisse, dont on rappelle que le tissu économique se compose à 90% de PME, l'industrie de la défense se compose d'une myriade de PME/PMI qui produisent principalement des machines ou des composants qui rentrent dans la chaine de production de groupes étrangers actifs dans le domaine.

Par exemple, nos machines à haute précision sont aussi utiles et demandées dans le domaine civile que militaire.

Selon SWISSMEM, l'association faîtière des PME et des grandes entreprises de l'industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux (industrie MEM), l'industrie MEM concerne près de 320'000 emplois en Suisse et un chiffre d'affaire à l'export trois fois supérieur à celui de l'industrie horlogère. La part de l'industrie de défense est nettement plus faible mais permet de maintenir en Suisse des postes de travail à très haute valeur ajoutée.

A la lecture de ces chiffres, les affaires compensatoires prévues dans le programme AIR2030 sont indiscutablement une opportunité exceptionnelle pour l'économie suisse.

Dassault – Safran – Thalès, l'excellence industrielle française

Retour à Lausanne le mercredi 16 octobre, 0800, pour la seconde journée BtoB entre les industriels suisses et les avionneurs retenus dans le cadre du programme AIR2030.

Au menu de ce jour, le Rafale du consortium Dassault – Safran – Thalès.

Le Rafale est un biréacteur de 4ème génération voire 4ème génération +, selon les classifications, en vertu d'une certaine furtivité active et tactique.

C'est le fleuron de l'armée de l'air française et probablement le chasseur européen le plus avancé en matière technologique.

La présentation est dirigée par Monsieur Florent SEYROL, responsable du Business Développement et Coopération Internationale pour Dassault Aviation et par Monsieur Pascal DIDIERJEAN pour le groupe Safran.

Le programme Rafale étant un programme achevé en matière d'étude et bien rodé en matière de production, la présentation de Dassault est principalement axée sur la compensation indirecte.

Les maîtres mots de la présentation sont l'innovation et la recherche.

Poids lourd de l'industrie française et mondiale, Dassault c'est 4.8mia de chiffre d'affaire dont 20% sont alloués à la recherche et au développement. Hormis les pharmas, peu de sociétés suisses ont accès à un tel niveau de financement.

Le fil conducteur semble tout trouvé et le consortium formé par Dassault, Safran et Thalès, au travers de leurs divisions combinées, offre de nombreuses possibilités pour les sociétés suisses et des perspectives intéressantes en matière de croissance dans des secteurs allant de l'aéronautique à l'optique en passant par la motorisation et l'électronique.

Monsieur Florent SEYROL le souligne, Dassault a une taille internationale, l'expérience de la croissance et des grands contrats, et c'est également cette expérience que le groupe transmet à ses partenaires pour que ceux-ci puissent exploiter pleinement leur potentiel économique.

Monsieur Pascal DIDIERJEAN, pour le groupe Safran, abonde dans ce sens, illustrant son propos avec l'exemple de la technologie VTOL (Vertical Take-off and Landing aircraft), où la Suisse, je l'apprends, à une carte à jouer, surtout aux cotés d'un motoriste comme Safran.

Premier avionneur à le souligner, Dassault est également très sensible à l'innovation dans le milieu académique et les succès suisses des EPF ne sont pas passés inaperçus.

A l'heure des difficultés rencontrées par ces institutions dans le cadre des projets européens, des financements indirectes de ce type dans le cadre des affaires compensatoires seraient pertinents et bienvenus.

Pour Dassault, la force de la Suisse c'est l'innovation et investir dans notre pays et nos entreprises c'est investir dans les technologies du futur, un win win français.

On notera enfin que plusieurs sociétés suisses présentes se sont félicitées du contact franc et direct qu'ils ont pu avoir avec les représentants du consortium Rafale, plus faciles d'accès et moins rigides que certains concurrents.

RAFALE, points forts et points faibles

Points forts

  • Dassault-Safran-Thalès ont les moyens de leurs ambitions en matière de R&D et l'innovation suisse pourrait en profiter pleinement
  • Des coûts à l'export réduits compte tenu de la proximité géographique
  • Un calcul politique intéressant avec un allié influent à Bruxelles

Points faibles

  • Faible implantation en Suisse à l'heure actuelle
  • Certains cantons où il faudra être très persuasif lors de la votation

https://blogs.letemps.ch/alexis-pfefferle/2018/10/17/air2030-a-la-rencontre-de-dassault-et-du-rafale/

Sur le même sujet

  • Electronic warfare in Ukraine informing US playbook

    13 septembre 2023 | International, C4ISR

    Electronic warfare in Ukraine informing US playbook

    “Both sides are doing the cat-and-mouse game very, very well,” said Col. Josh Koslov, the commander of the 350th Spectrum Warfare Wing.

  • South Korea selects the Embraer C-390 Millennium

    4 décembre 2023 | International, Aérospatial

    South Korea selects the Embraer C-390 Millennium

    Under the signed contract, Embraer will provide an undisclosed number of C-390 Millennium aircraft specially configured to meet ROKAF’s requirements

  • Italy lays out plans to buy up to eight new sensor-loaded Gulfstreams

    3 décembre 2020 | International, Aérospatial

    Italy lays out plans to buy up to eight new sensor-loaded Gulfstreams

    By: Tom Kington ROME – Italy is planning to buy up to eight new Gulfstream signals intelligence aircraft and build a maintenance hub for similar aircraft operated by other nations around the Mediterranean. The plans, which were outlined in documents supplied to the Italian parliament, would reinforce Italy's signals intelligence capability as the Mediterranean becomes a flashpoint for regional tensions with neighbors like Turkey and Egypt tussling over the future of lawless Libya. The Italian acquisition was first mentioned in this year's budget document, released in October, which cited the need for ‘multi-mission, multi-sensor' Gulfstream G-550 jets and listed an outlay of 1.23 billion euros. An illustration of the aircraft in the document resembled Israel's ‘Shavit' Signals Intelligence Gulfstream, while the required capabilities listed included command and control, “electronic superiority” and “electronic protection of forces.” Now, the government has sent parliament a second document giving more details of the plan ahead of a vote by the parliamentary defense commission on the purchase. The document calls for the purchase of two aircraft which have already been converted for Sigint missions and equipped with the required systems before the purchase of a further six G-550 jets ready for subsequent conversion. Analysts have suggested the need to buy the unconverted aircraft quickly is due to the Gulftstream G550 going out of production. The aircraft would be based at the Italian Air Force's Pratica di Mare base south of Rome, which is already home to the two Gulfstream 550 Conformal Airborne Early Warning aircraft Italy purchased from Israel's IAI in 2012. With up to 10 G-550s in its fleet, Italy would build up a maintenance operation which would not only serve its own aircraft but be able to “offer services to the Gulfstream fleet operating in Europe and the Middle East, with about 200 jobs created,” the document stated. No indication was given about which company would be contracted to supply the two converted jets or carry out the conversion work on the other six, but the document stated that “given the complexity” of the program, a non-Italian contractor would be brought in. National offset work would be sought the document stated. Funding for the buy is due to kick off next year and will stretch out to 2056 stated the document, which has been seen by Defense News. https://www.defensenews.com/global/europe/2020/12/02/italy-lays-out-plans-to-buy-up-to-eight-new-sensor-loaded-gulfstreams

Toutes les nouvelles