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August 31, 2020 | International, Aerospace

Suisse: Six milliards en jeu pour renouveler la flotte aérienne de l’armée

Après l'échec de l'achat des avions Gripen en 2014, le peuple suisse est à nouveau appelé à voter pour ou contre l'acquisition d'avions de combats.

La Suisse doit renouveler sa flotte d'avions de combat. Les appareils en service actuellement seront en fin de vie d'ici 2030. Le Conseil fédéral et le Parlement veulent acquérir de nouveaux avions pour six milliards de francs. Les opposants y voient une dépense inutile. Le peuple tranchera le 27 septembre.

La votation porte sur le montant maximal destiné à l'achat des avions de combat qui remplaceront les 26 F-5 Tiger et les 30 F/A-18 de l'armée. Les premiers, acquis en 1978, sont déjà obsolètes. Ils ne peuvent voler que de jour et par temps clair, et ne servent plus qu'à l'instruction. Les seconds atteindront leur limite dans une dizaine d'années.

Après l'échec de l'achat des avions Gripen en 2014, le gouvernement a décidé de ne soumettre aux urnes que le cadre général de l'acquisition. Le choix du type et du nombre d'appareils nécessaires lui reviendra ensuite. L'enveloppe de 6 milliards de francs, soit deux fois plus que le Gripen, est plafonnée et ne pourra pas être augmentée. Elle pourra en revanche être ajustée à l'évolution des prix.

L'achat des nouveaux avions de combat recueille dans les derniers sondages une majorité en sa faveur. Le clivage droite/gauche est marqué, le camp bourgeois étant favorable à la dépense et le camp rose-vert opposé.

Objectif controversé

Pour le comité référendaire, composé du PS, des Verts et du Groupe pour une suisse sans armée, dépenser 6 milliards de francs pour les avions est une fausse promesse de sécurité. Le scénario d'une guerre aérienne en Europe n'est pas réaliste.

La Suisse doit plutôt se préparer à de nouveaux types de menace: catastrophes, cyberattaques, pandémies ou changement climatique. Les avions de combat ne pourront pas contrer ces menaces. Des investissements dans la lutte contre le réchauffement climatique ou la pénurie d'électricité seraient plus sensés, selon les opposants.

L'émergence de nouvelles formes de guerre ne remplace pas les anciennes menaces, répond le camp des partisans dans les rangs duquel se trouvent des membres du PLR, de l'UDC, du PDC, du PBD, des Vert'libéraux, du PEV et de nombreuses organisations militaires. Bien qu'il n'y ait pas de conflit armé en Suisse, les conditions peuvent rapidement changer. Il s'agit de l'avenir de la politique de sécurité.

Une menace imprévisible

La menace évolue constamment et la population doit être protégée contre les attaques imprévisibles, argumente la ministre de la Défense Viola Amherd. L'armée de l'air a de nombreuses t'ches pour lesquelles des avions de combat sont nécessaires.

Elle intervient si un avion se trouve en situation critique ou s'il viole les règles. Lorsque Genève accueille une conférence internationale sur la paix, des avions doivent en permanence être dans les airs.

L'armée doit également pouvoir contrôler de manière plus intense ses frontières en cas de tensions dans les environs et s'assurer qu'aucun appareil militaire étranger ne survole le territoire. Elle doit protéger son espace aérien en cas d'attaque directe.

Coûts à définir

L'argent dépensé pour les avions fera défaut dans d'autres domaines comme l'éducation, la santé, la sécurité publique ou sociale ou encore la culture, rétorquent les opposants. Cet achat serait en outre un chèque en blanc donné au gouvernement et au Parlement. Le jour de la votation, les électeurs ne connaîtront pas les coûts concrets.

Si l'on prend en compte l'ensemble des coûts sur la durée de vie des avions, la facture s'élève à 24 milliards, avancent les référendaires. Le Département fédéral de la défense estime pour sa part la dépense à 18 milliards.

Le PS propose l'acquisition d'avions de combat légers, moins onéreux. Pour Viola Amherd, ces appareils ne valent rien pour le service de police de l'air et encore moins pour protéger la Suisse en cas de crise. Ils ne volent pas assez haut, sont trop lents ou n'ont pas les radars ou l'armement nécessaires.

Compensations prévues

L'arrêté sur lequel le peuple doit se prononcer inclut des conditions. Il précise que le constructeur remportant l'appel d'offres devra investir 60% du montant du contrat dans l'économie suisse (65% en Suisse alémanique, 30% en Suisse romande et 5% en Suisse italienne). L'achat sera coordonné avec la modernisation du système de défense sol-air.

Quatre jets sont encore en lice: le Rafale du français Dassault, l'Eurofighter de l'européen Airbus et les deux avions américains, le Super Hornet de Boeing et le F-35A de Lockheed-Martin.

https://www.lematin.ch/story/six-milliards-en-jeu-pour-renouveler-la-flotte-aerienne-de-larmee-442405814349

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    13 janvier, par Nicolas Lefebvre D'ici 2040, le Rafale français, l'Eurofighter allemand et le F-18 Hornet espagnol laisseront la place aux chasseurs de 5e génération du programme européen SCAF. Si les partenaires français de ce consortium tirent leur épingle du jeu, reste à mettre en place une gouvernance à long terme dans ce programme. Juin 2019, salon aéronautique du Bourget. Le patron de Dassault Aviation, Éric Trappier, ne cache pas sa fierté au moment de poser pour les photographes devant la maquette grandeur nature de la future fierté européenne en matière d'avions de chasse. Le SCAF (Système de Combat Aérien Futur, également baptisé Next Generation Fighter, noms provisoires) est certes sur les rails, mais il n'y a pas une minute à perdre. Le patron de Dassault est un homme pressé, et veut se donner les moyens de tenir les délais. « Ce n'est pas de l'impatience, c'est indispensable », a-t-il lancé au Bourget, avec le planning en tête : première démo en 2026, produit fini en 2040. Cela semble loin ; en réalité, c'est demain pour l'Europe de la défense. Tenir ce planning passera forcément par une bonne entente avec ses différents partenaires français, allemands et espagnols, les trois pays scellant leur avenir commun le 17 juin dernier. Genèse d'un projet pan-européen L'histoire mérite un petit retour en arrière. Initialement, Dassault devait convoler en justes noces avec les Britanniques de BAE Systems, l'un des géants européens de l'industrie de la Défense. En 2010, Paris et Londres – gr'ce au tandem Sarkozy-Cameron – sont sur la même longueur d'ondes, les premiers budgets de développement sont débloqués, le futur avion de chasse mobilise les équipes de part et d'autre de la Manche. En 2014, Dassault Aviation, BAE Systems, Thales, Rolls-Royce et Safran, auxquels se sont joints les Italiens de Leonardo, travaillent de concert. Jusqu'en 2016. Les dents grincent dans de nombreuses entreprises, Safran (ex-Snecma) a par exemple peur de disparaître, écrasé par Rolls-Royce. La coopération s'arrête, le divorce est consommé ; les Français cherchent d'autres partenaires et se rapprochent des Allemands. En juillet 2017, le tandem Merkel-Macron lance le programme SCAF, sous l'impulsion commune du Français Dassault Aviation et de l'Allemand Airbus Defence And Space, basé à Munich. La planification stratégique pour les 25 prochaines années se fera donc en haut lieu, suivant la vision de ces deux intégrateurs systémiques, piliers du projet. Ont par la suite rejoint l'aventure le motoriste allemand MTU Aero Engines et son homologue français Safran, l'électronicien français Thales et leurs homologues allemands Rohde & Schwarz et Hensoldt, ou encore le consortium européen MBDA et le fabricant allemand Diehl pour l'armement. Depuis, les Britanniques ont choisi de s'allier avec les Italiens de Aeronautica Militare et les Suédois de Saab pour développer le chasseur furtif Tempest. Mission nº1 : d'abord régler le différend avec les Allemands Retour à l'actualité. Les plus belles histoires connaissent elles aussi des couacs. Tout allait bien jusqu'en juin 2019, les Allemands sortant alors le carnet de chèque pour compléter un premier budget de 65 millions d'euros pour les 24 prochains mois, sachant que la recherche et développement s'élèvera à terme à 200, voire 300 millions d'euros. Mais Paris et Berlin sont tombés sur un os : les deux pays ne suivent pas la même politique diplomatique à l'export. Au printemps dernier, l'affaire des livraisons d'armes françaises à l'Arabie saoudite, dans le cadre de la guerre au Yémen, passe mal outre-Rhin. Le Bundestag – le Parlement allemand – est en effet très réticent à l'idée d'exporter des armes servant dans cette guerre en particulier. Une position d'autant plus paradoxale que l'Allemagne est beaucoup plus indulgente vis-à-vis des entreprises qui exportent par exemple des armes vers la Turquie, embourbée dans sa guerre contre les Kurdes. Un avion commun comportant des éléments français et allemands devra néanmoins nécessairement respecter les contraintes les plus fortes. En l'occurrence celles venues de Berlin. En septembre, le patron français de Dassault a demandé aux gouvernements français et allemand de régler cette brouille diplomatique pour ne pas entraver la bonne marche du programme commun. Mission nº2 : ensuite assurer le leadership systémique du projet Côté français, le programme SCAF réunit aujourd'hui les compétences et savoir-faire de fleurons de l'industrie de la Défense : l'avionneur Dassault Aviation, le motoriste Safran, ainsi que Thales pour la partie électronique. Trois grandes entreprises du secteur régalien de la Défense. Thales – dirigé par Patrice Caine – et Safran – dirigé par Philippe Petitcolin –ont en commun d'avoir l'Etat français à leur capital, respectivement à hauteur de 25,7% et de 11%. L'Etat français est également présent indirectement chez Dassault via la participation d'Airbus (9% environ, sachant que l'l'Etat détient 11% d'Airbus). A noter que Dassault Aviation, aux mains de la famille Dassault – détient également 24,3% de Thales. Chez Dassault, la priorité est désormais de garder la main sur le projet, et de rendre pérenne la coopération franco-allemande. Une position de nº1 qui fait d'ailleurs des envieux, notamment du côté de Thales. 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De plus, les systèmes d'armes actuels sont effectivement centrés sur la communication entre systèmes de capteurs et systèmes d'armes, cœur de métier de Thales version défense. Pour autant, Thales manque cruellement de l'expérience nécessaire à la conduite des grands programmes. Il est possible que l'adoubement de Caine par Emmanuel Macron, après le rejet de la candidature d'Henri Proglio en 2015, ait donné des ailes au patron de Thales dont l'ambition dévorante dérange, en interne comme en externe. Le groupe n'hésite pas en effet à croiser le fer avec ses condisciples industriels de défense et Patrice Caine est coutumier des joutes franco-françaises : pour marquer son territoire il n'hésite pas, par exemple, à présenter Thales face à des partenaires français comme cela a pu être le cas face au constructeur maritime Naval Group début 2019 lors d'un important appel d'offre belgo-néerlandais qu'il a finalement perdu. 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