Back to news

December 2, 2019 | International, Aerospace

Gripen E/F le dernier appareil suédois ?

Yannick Smaldore

Il y a douze ans, Saab annonçait la production du Gripen Demo, un démonstrateur technologique représentatif d'une nouvelle génération de chasseurs légers Gripen que le constructeur suédois entendait lancer tant sur le marché domestique qu'à l'exportation. Après un parcours parfois mouvementé, la dernière mouture de l'avion, le Gripen E/F, s'apprête à être livrée à ses deux clients. L'occasion pour DSI de revenir sur l'unique programme de chasseur de nouvelle génération actuellement en développement en Europe.

En avril 2008, sur le site de Linköping, en Suède, Saab dévoile le Gripen Demo, adapté d'une cellule de Gripen D et première étape vers la prochaine génération de chasseurs légers de l'avionneur suédois. Si l'avion se rapproche extérieurement d'un Gripen biplace standard, un œil averti distingue rapidement des différences loin d'être anodines.

Gripen NG, un nouvel ancien avion

Le train d'atterrissage principal, qui se rétracte habituellement sous le fuselage, a été déplacé dans des logements conformes sous la voilure, permettant d'installer trois points d'emport ventraux au lieu d'un, mais aussi de combler les anciens logements de roues par des réservoirs internes supplémentaires. Les entrées d'air sont également agrandies afin d'alimenter un unique moteur F414 de General Electric, évolution 20 % plus puissante du F404 produit sous licence par Volvo pour le Gripen de base.

Pour sa prochaine itération du Gripen, l'avionneur suédois propose d'intégrer dans cette cellule élargie ce qui se fait de mieux en matière de capteurs et de systèmes de combat. Le tout en respectant une enveloppe budgétaire extrêmement réduite (1) et un calendrier très serré, et en gardant comme ambition de redéfinir complètement la gestion des programmes aéronautiques militaires, rien de moins. Et une décennie plus tard, malgré quelques revers, Saab pourrait bien être en passe de tenir (presque) toutes ses promesses avec son Gripen NG (2).

En 2011, la Suisse annonce son intention de commander 22 Gripen NG, ouvrant la voie à une commande de 60 exemplaires de la part de la Flygvapnet suédoise, et aux crédits de développement associés. En 2014, c'est au tour du Brésil de passer une commande ferme pour 36 appareils.

Mais le programme connaît un premier coup dur, une votation populaire conduisant la Suisse à annuler sa commande d'avions de combat, ce qui force Saab à ralentir sensiblement son calendrier de développement. Avec plus d'un an de retard, en mai 2016, le premier Gripen E de présérie est dévoilé à la presse et montre immédiatement le paradoxe de ce nouvel appareil : à part une cellule plus longue de 50 cm et quelques différences extérieures, le futur de l'aviation de combat tel qu'annoncé par Saab ressemble à s'y méprendre au Gripen originel. Et pourtant, les évolutions techniques, numériques, conceptuelles et managériales sont bien là, discrètes, mais indispensables à la réussite du programme.

Le Gripen E/F sur le plan technique

Conserver une cellule pratiquement inchangée découle d'un choix stratégique de la part de Saab qui ne dispose pas des ressources pour développer une toute nouvelle plate-forme, et qui estime que les avancées en matière de capteurs et de travail collaboratif intra-patrouille rendent caduque la furtivité passive des avions dits de cinquième génération. Son Gripen étant déjà relativement discret et bien né, il est décidé d'en conserver l'aérodynamisme autant que possible. Avec une masse maximale passée de 14 t à 16,5 t, un emport en carburant interne augmenté de 40 % et la capacité d'emporter de nouveaux réservoirs externes plus volumineux, le Gripen NG ambitionne toutefois de s'extraire de la catégorie des chasseurs de défense légers pour marcher sur les plates-bandes des biréacteurs médians. Par rapport au Gripen C/D, les Gripen E/F voient l'intégralité de leurs systèmes évoluer vers des équipements de dernière génération.

En matière de capteurs, Saab a principalement fait appel à Selex‑ES, depuis intégré à Leonardo. Ce dernier fournit le radar Raven ES‑05, variante du Vixen 1000E. Équipé d'une antenne AESA combinée à un repositionneur mécanique, le Raven possède une ouverture de 200°, contre 140° habituellement pour les radars AESA à antenne fixe. Une telle configuration permet théoriquement de continuer à illuminer une cible alors que le Gripen se trouve sur un vecteur d'éloignement, une capacité qui pourrait donc être exploitée en combat aérien à longue portée. L'IFF Mode 5 intégré au bloc radar est doté d'antennes latérales, afin de garantir une identification de la cible sur l'ensemble du champ d'action du radar, et une optronique infrarouge Skyward‑G est implantée au-dessus du radar. Cet IRST constituerait alors le principal outil de détection contre des cibles furtives. Radar, IRST et IFF sont enfin conçus pour travailler de manière collaborative, chaque équipement contribuant à construire une situation tactique unique que le pilote consulte sur son très large affichage principal, composé d'un unique écran tactile WAD (Wild Aera Display).

Comme souvent avec les productions suédoises, le Gripen E/F devrait aussi se démarquer du marché par son équipement de communication et de guerre électronique. En plus des radios tactiques numériques et d'une antenne SATCOM, qui s'imposent de manière standard sur les nouveaux avions de combat, Saab propose plusieurs solutions de liaisons de données, notamment la L‑16 compatible OTAN, mais aussi son Link-TAU à grande bande passante. Fonctionnant en bande UHF, il permet aux Gripen d'une même patrouille d'échanger des données à longue distance et, dans un avenir proche, de fusionner les données issues de leurs capteurs respectifs pour affiner la qualification des pistes et la situation tactique. Pour la guerre électronique, Saab propose son système à large bande MFS-EW, dernière évolution de sa gamme AREXIS. Typique de l'état de l'art en la matière, ce système multifonction est basé sur des antennes AESA en nitrure de gallium (GaN) réparties sur la dérive et au niveau des rails lance-missiles. AREXIS s'appuie largement sur l'usage de systèmes de brouillage à mémoire de fréquence radio numérique, ou DRFM, qui analysent le signal radar adverse et émettent une onde retour modifiée. De quoi tromper l'ennemi sur sa position, sa nature ou sa vitesse, voire de disparaître complètement de certains écrans radars, en théorie. Si de tels systèmes se rencontrent déjà aujourd'hui, notamment sur le Rafale ou sur l'EA‑18G Growler, le Gripen NG innoverait par la capacité de traitement de signal offerte de ses calculateurs, sa capacité d'attaque électronique intégrée, mais aussi par la présence du système BriteCloud de Leonardo, un petit brouilleur DRFM éjecté par les lance-leurres de l'avion et spécifiquement conçu pour tromper les missiles assaillants.

https://www.areion24.news/2019/11/29/gripen-e-f-le-dernier-appareil-suedois%E2%80%89/

On the same subject

  • Australia to manufacture Kongsberg cruise missiles

    August 21, 2024 | International, Land

    Australia to manufacture Kongsberg cruise missiles

  • Oshkosh, Saudi Arabia’s Al Tadrea launch joint venture to make armored vehicles

    May 19, 2020 | International, Land

    Oshkosh, Saudi Arabia’s Al Tadrea launch joint venture to make armored vehicles

    By: Agnes Helou BEIRUT — American firm Oshkosh Defense and Saudi Arabia's Al Tadrea Manufacturing Company have established a joint venture to manufacture armed vehicles in the kingdom. The two companies formed Oshkosh Al-Tadrea Manufacturing, creating “the largest partnership in the history of Saudi armored vehicles,” according to a message on Al Tadrea's official Twitter account. Defense News reported in 2017 that Al Tadrea was in talks with Oshkosh to manufacture armored vehicles in Saudi Arabia. Al Tadrea CEO Fawzi Bin Ayoub Sabri confirmed during an interview that year at the Bahrain International Defence Exhibition and Conference that his company was “"discussing partnerships with many international companies, particularly negotiating with Oshkosh Defense to produce armored vehicles.” Wednesday's online signing ceremony was held between officials and senior executives of the two companies. The joint venture, also known as OTM, will be based in Saudi Arabia, and the kingdom will hold the largest property share, according to a May 14 report by the Saudi Press Agency. “The joint venture will design and provide its first vehicles to be built based on the model of the Oshkosh Defense vehicle in the medium-sized 4×4 Tactical Vehicle (FMTV) category,” the press agency reported. OTM will “develop manufacturing expertise to become a major partner for wheeled tactical vehicle services, [and] it will also provide the necessary services to its customers in the security and military sectors in the Kingdom, through an integrated and sustainable support fleet, as well as activating the supply chains more broadly and more efficiently,” the report read. In a speech during the virtual ceremony, the head of Al Tadrea said: "The current efforts made by the kingdom in the field of industries, especially military industries, demand from us to move forward and follow the government's directions to achieve everything related to homeland security, and to raise the efficiency of military industries and the support of Saudi talents and human capabilities that we rely on by providing job opportunities to the Saudis.” For his part, John Bryant, the president of Oshkosh Defense and the executive vice president of its parent company, Oshkosh Corporation, said that “both Oshkosh Defense and Al Tadrea Manufacturing have worked closely for more than two years to establish this joint venture, by transferring its technology and capabilities. We are very excited to cooperate with this Saudi company with a solid history.” The two firms prepared for this joint venture by providing training opportunities and accreditation certificates to future OTM employees. The training sessions covered manufacturing, repairing and joint maintenance of M-ATVs, which are mine-resistant, ambush-protected vehicles made by Oshkosh and currently in service within the Royal Saudi Land Forces. https://www.defensenews.com/industry/2020/05/14/oshkosh-saudi-arabias-al-tadrea-launch-joint-venture-to-make-armored-vehicles/

  • Les États-Unis développent les "Gremlins", de nouveaux drones déployables directement en vol

    February 6, 2020 | International, Aerospace

    Les États-Unis développent les "Gremlins", de nouveaux drones déployables directement en vol

    Via leur agence chargée du développement de technologies militaires, les États-Unis mettent au point un nouveau type de drone. Les X-61A, ou "Gremlins" pour les intimes, sont de petits engins déployés en groupes et directement en vol à l'aide d'avions C-130. L'agence américaine chargée du développement de nouvelles technologies militaires (Darpa) a annoncé à la mi-janvier avoir effectué avec succès les premiers essais d'un nouveau type de drone, capable d'être largué et récupéré par un avion en plein vol. Le test initial se serait déroulé en novembre dernier. Après avoir été l'ché par un C-130A, l'engin X-61A aurait volé durant un peu plus d'une heure et demie. Ce test constitue la troisième phase d'un programme baptisé Gremlins, dont l'objectif est le développement d'une nouvelle gamme de drones sans pilote, déployés en nuées, réutilisables et peu coûteux à produire. Les flottes pourraient être déployées depuis des avions éloignés des thé'tres d'opération, afin de garantir une meilleure sécurité pour les opérateurs. Une fois leurs missions terminées, les "Gremlins" seraient récupérés directement dans les airs, avant de passer une journée de réparation et de repartir. Un drone perdu lors des essais L'essai de novembre a permis aux équipes de collecter suffisamment de données sur les performances, le fonctionnement et les systèmes de commandes et de contrôles aériens et terrestres des drones. Une anomalie de parachute a entraîné la perte de l'un des cinq appareils. Les quatre autres restent cependant opérationnels et disponibles pour d'autres séries de tests, prévus pour cette année. La prochaine étape du programme comprendra une évaluation complète des données récoltées, ainsi que l'analyse de l'échec du déploiement du parachute du cinquième drone. S'ensuivra un nouveau vol d'essai durant le printemps au Dugway Proving Ground, un site de tests de l'armée américaine situé dans l'Utah. D'autres avions pourraient servir pour le transport des engins Les X-61A "Gremlins" sont développés par la société californienne Kratos Defense & Security Solutions, en collaboration avec, l'entreprise Dynectics, située dans l'Alabama et spécialisée dans les systèmes informatiques. Conçu par Lockheed Martin, le C-130 est, pour le moment, l'unique appareil servant aux essais des Gremlins. Mais les services en charge du programme envisagent d'adapter d'autres avions pour le transport des drones. Les X-61A peuvent emporter jusqu'à 70 kg de capteurs chacun, ce qui leur permet d'effectuer un grand nombre de missions différentes. https://www.usinenouvelle.com/article/les-etats-unis-developpent-les-gremlins-de-nouveaux-drones-deployables-directement-en-vol.N926169

All news