8 février 2021 | International, Aérospatial
Vers une commande massive de F-16 Block 70/72 par le Pentagone ? Lockheed perd... et gagne
Yannick Genty-Boudry Alors que le Pentagone n'a eu de cesse d'expliquer que les avions de 4e génération étaient dépassés, il semble que ceux-ci n'ont pas dit leur dernier mot. A l'instar du F-15EX qui a effectué son premier vol le 2 février 2021, le F-16 dans sa nouvelle version Block 70/72, attire de nouveau l'œil des aviateurs américains. LE F-35 DANS L'IMPASSE Plus de 47 ans après son premier vol (2 février 1974) le F-16, qui équipe plus de 29 forces aériennes dans le monde et a été produit à plus de 4588 appareils, pourrait connaitre une nouvelle carrière au sein de l'US Air Force. Et ce plus de 16 ans après la livraison du dernier appareil. En effet, son remplaçant programmé, le F-35 accumule les échecs et les retards, avec 871 défaillances selon les auditeurs du Pentagone. Une situation qui provoque l'explosion des coûts d'exploitation, au point que l'US Air Force envisagerait de réduire sa commande à 1050 appareils au lieu des 1765 prévus. EN ATTENDANT LE NGAD Aussi pour ne pas pénaliser son ordre de bataille, les Américains sont en quête de solutions palliatives au F-35. A savoir des aéronefs fiables, aux coûts maitrisés et à l'architecture ouverte en attendant l'arrivée à partir de 2040-50 de l'avion de 6e génération, le NGAD (Next Generation Air Dominance), qui vient d'effectuer ses premiers essais. C'est la même logique qui a présidé au programme F-15EX dans le domaine de la supériorité aérienne, pour suppléer au faible nombre de F-22 en service. SOLUTION SUR ETAGERE Et il s'avère que Lockheed et ses équipementiers General Dynamics et Northrop poussent progressivement le Pentagone vers l'acquisition d'une nouvelle version F-16 Block 70/72, destinée à l'origine aux marchés exports (neuf et modernisation), au moment où le budget 2021 prévoit une enveloppe de 56,9 G$ pour l'acquisition d'avions de combat. D'ailleurs les marchés anticipent d'ores et déjà la hausse du titre des industriels concernés. Produit depuis novembre 2019 à Greenville, et après plusieurs succès commerciaux (Taiwan, Bahrein ...), le F-16 Block 70/72 intègre plusieurs technologies directement empruntées aux appareils de cinquième génération. Comme le radar AESA APG-83 SABR (dérivé de l'APG-77 du F-22, et de l'APG-81 du F-35) qui équipe également les B1-B modernisés, et les F/A-18C des Marines basés à Miramar. Mais il dispose également de nouvelles aérostructures à la furtivité accrue (réservoirs conformes), d'un nouveau système de guerre électronique apte au combat collaboratif, et d'une avionique offrant des fonctionnalités de fusion de données (radar, pod de désignation) pour l'attaque au sol, avec le Center Pedestal Display (CPD). Cette version qui permettrait donc d'intégrer des capacités de 5e génération sur des appareils de 4e génération, à l'image du prochain standard F4 du Rafale de Dassault, intéresse de plus en plus l'état-major américain, en quête d'un aéronef omni rôle capable de soutenir efficacement et à bas couts les forces américaines alors que Russes et surtout Chinois se sont engagés dans une stratégie d'attaque par saturation et de systèmes de contre furtivité, pour déborder les F-22 et les F-35. https://www.air-cosmos.com/article/vers-une-commande-massive-de-f-16-block-70-72-par-le-pentagone-lockheed-perd-et-gagne-24173