27 août 2020 | Local, Aérospatial

Remplacement des CF-18: une occasion d’économiser et de répondre aux Américains

OPINION / L'avion qui doit enfin remplacer nos CF-18 devrait être choisi dans les prochaines semaines. Débuté en 1997 (!), ce processus devrait permettre à nos Forces aériennes de recevoir leurs premiers nouveaux appareils à partir de 2025. Trois aéronefs sont en lice : le F-35 A de Lockheed-Martin, le F-18 E de Boeing, dit le Super Hornet, et le JAS 39 de SAAB, dit le Gripen. Mais comment les départager ?

Tout d'abord, rappelons que chacun de ces trois appareils répond aux exigences de nos Forces aériennes. Le gouvernement évalue les trois possibilités selon les critères suivants : 60 % pour les performances/caractéristiques techniques des avions, 20 % pour les coûts et 20 % pour les retombées économiques au Canada.

En ce qui a trait aux performances/caractéristiques, le F-35 est le seul des trois qui soit « furtif », c'est-à-dire qu'il est pratiquement invisible pour les radars ennemis. Par contre, son rayon d'action sur réservoirs intérieurs est limité et avec des réservoirs extérieurs, il perd beaucoup de sa furtivité. Étant l'appareil le plus récent, c'est celui qui dispose des systèmes électroniques les plus modernes. En fait, la principale faiblesse du F-35 réside dans le fait qu'il s'agit d'un avion extrêmement capricieux, qui est affecté par un nombre incroyable de problèmes techniques, dont plusieurs sont toujours non résolus à ce jour. Il en résulte qu'en moyenne, au moins 50 % des F-35 livrés ne peuvent voler, étant en révision/réparation. Ce taux de non-disponibilité est l'un des plus élevés de tous les avions militaires existants et on questionne fortement la capacité réelle de cet avion à livrer ses performances théoriques. Un bon exemple de cela est que, lors du dernier spectacle aérien de Bagotville, un des deux F-35 américains (qui n'ont pourtant présenté que deux courtes démonstrations de 15 minutes) est tombé... en panne ! Au niveau des performances/caractéristiques, le Super Hornet est supérieur à nos CF-18 actuels, mais inférieur au Gripen, qui est plus fiable que les deux autres. Cet appareil est aussi le plus rapide des trois, le plus maniable, celui qui a le meilleur rayon d'action et est le meilleur en termes de combat aérien. Par contre, la capacité du Gripen d'opérer avec les autres avions américains est questionnée. Pourtant, cet avion effectue régulièrement des missions conjointes avec ceux des autres pays de l'OTAN et il a été déclaré admissible à tous les appels d'offres de remplacement des CF-18. De plus, comme son coût d'acquisition/utilisation est de loin le plus bas des trois avions en lice, cela permet d'envisager que même en y ajoutant des frais d'adaptation au système d'interopérabilité du NORAD, il demeurera bien plus abordable que les deux autres.

Au niveau financier, voici le coût total, par heure de vol, des trois appareils en dollars canadiens : le F-35, 58 300 $, le Super Hornet, 17 800 $ et le Gripen, 10 500 $ (source Aviatia). L'avion suédois est donc près de six fois moins coûteux que le F-35...

Au niveau des retombées économiques au pays, le Canada est déjà un « partenaire industriel » du programme F-35. Cela signifie que plusieurs entreprises canadiennes (et québécoises) sont qualifiées comme fournisseur, à raison d'environ 2,6 millions $ par appareil. Au total, il a été estimé que 325 emplois seront ainsi créés au Canada (soit 9500 personnes/années en 30 ans). Le ministère de la Défense du Canada a affirmé à plusieurs reprises que faire partie du programme industriel F-35 ne nous oblige pas à acquérir obligatoirement cet avion. Cependant, en termes de retombées économiques canadiennes, il est utile de rappeler que depuis 2009, le F-35 est considéré par les Américains comme un appareil à technologie « sensible ». Cela signifie qu'une bonne partie de l'entretien qui est actuellement réalisé par nos militaires à Bagotville et à Cold Lake, ainsi que par l'entreprise qui a pris la suite de Bombardier à Montréal pour les CF-18 actuels, sera réalisé aux États-Unis dans le cas du F-35.

Environ 2500 militaires et civils sont actuellement employés au Canada à l'entretien des avions de chasse. Combien perdront leurs emplois, notamment ici dans la région, si le F-35 est choisi ? De plus, durant les 30 ou 40 ans où nous utiliserons le F-35, les Américains ne pourraient-ils par augmenter sensiblement ces coûts d'entretien une fois que nous serons dépendants d'eux ? Pour le Super Hornet, le même niveau de retombées économiques qu'avec l'actuel CF-18 est à prévoir, alors que le fabricant du Gripen a déjà annoncé que, contrairement au F-35 ou au Super Hornet, il s'engage à le produire dans une nouvelle usine au Canada.

Bien que théoriquement supérieur, le F-35 est donc un choix prohibitif en termes de coûts et hasardeux au niveau de la fiabilité ou du nombre d'emplois en entretien qui seront perdus au Canada. Le Super Hornet est un choix performant, beaucoup moins cher et plus fiable que le F-35. Le Gripen est de loin l'avion qui répond le mieux à nos besoins, au moindre coût et avec la fiabilité maximale.

En terminant, souvenons-nous que le Super Hornet est fabriqué par Boeing, la même compagnie qui a réussi à faire imposer des droits compensatoires de 219 % aux Série C de Bombardier destinées aux États-Unis. Cela a précipité la chute de la division aéronautique du fleuron québécois, tout en lui faisant perdre sept milliards $ (dont deux provenaient du gouvernement du Québec). Le Gripen de SAAB est d'origine européenne. Ne pas toujours être dépendant des Américains, ça aussi, c'est défendre la souveraineté du Canada!

Roger Boivin

Président de Groupe Performance Stratégique

https://www.lequotidien.com/opinions/carrefour-des-lecteurs/remplacement-des-cf-18-une-occasion-deconomiser-et-de-repondre-aux-americains-7015f0786a4fb446a03530adab548da5

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    Xavier Vavasseur PMB Defence (PMB) has been assigned the contract to supply submarine batteries to the Canadian Government for its Victoria-class submarines. PMB Defence press release The Royal Canadian Navy operates four Victoria Class conventional submarines which have been active in the service since 2003. PMB will manufacture the lead-acid based battery systems at our new state-of-the art production, research and development and engineering facilities situated adjacent to the Osborne Naval Shipyard in Adelaide, South Australia. “The contract with Canada builds on the capability grown from the Collins-class Submarine program in Australia and various new technology programs we have with other international customers. This work further endorses our strategic objective to be the world's most credible designer and supplier of submarine battery systems”. PMB Defence' Chief Executive Officer, Mr. Stephen Faulkner Mr Faulkner added that “The Canada contract further demonstrates the trust in PMB's world-class capabilities by an allied country.” This additional contract adds to the recent announcement regarding PMB's purchase of the EnerSys' submarine battery business. PMB looks forward to a collaborative relationship with the Canadian customer, ensuring the Royal Canadian Navy gets the best battery and in turn the best submarine performance. https://www.navalnews.com/naval-news/2020/09/australias-pmb-defence-to-supply-batteries-for-canadian-victoria-class-submarines/

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    24 mars 2020 | Local, Aérospatial, Naval, Terrestre, C4ISR, Sécurité

    Canadian military will no longer release info about numbers of personnel affected by COVID-19

    “This is information we don't want opposing forces to have as we're relatively a small force,” a spokesman said Friday. DAVID PUGLIESE, OTTAWA CITIZEN The Canadian Forces won't be releasing information on the numbers of military personnel who have tested positive for the novel coronavirus because of security reasons. The military had previously confirmed three cases, including one involving a reservist who had been on a personal trip to Spain. The Canadian Forces had also stated that no personnel on overseas operations had tested positive for COVID-19. But going forward, the Canadian military will no longer be confirming any other cases publicly because of operational security, Department of National Defence spokesman Dan Le Bouthillier said Friday. “This is information we don't want opposing forces to have as we're relatively a small force,” he added. Chief of the Defence Staff Gen. Jon Vance has warned that the “integrity” of some military units could be threatened by personnel contracting coronavirus. The Canadian Forces could be eventually called upon by the federal government to provide support if the pandemic worsens. The U.S. military has confirmed that more than 50 of its personnel have tested positive for COVID-19. The Canadian Forces has also ordered approximately 2000 COVID-19 test kits for military clinics across the country, Le Bouthillier said. The kits are expected in the next week. “The needs of deployed units for COVID-19 testing will be considered in the distribution plan,” he added. “In the interim, we are working in collaboration with our partners, through a combination of integral, allied and host nation supports, to ensure deployed CAF members are provided with the best available health care.” COVID-19 has also caused the cancellation of Exercise Maple Resolve, the army's main training event for the year, as well as a naval exercise off the coast of Africa. HMCS Glace Bay and HMCS Shawinigan, which were to take part in that naval training, are now returning to Halifax. The ships are expected to arrive in mid-April. Troops from Canadian Forces Base Petawawa who were supposed to take part in Exercise Maple Resolve will now be training in smaller groups, Le Bouthillier said. “We will mitigate this lost training opportunity through the aggressive pursuit of smaller training events and professional development,” he noted. “We will return to our normal managed readiness cycle when conditions permit.” “The current situation with COVID-19 is unprecedented and prudence demands we adopt a posture that allows us to best support civilian authorities should the need arise while safe-guarding the well-being of our personnel and the broader Canadian public,” Le Bouthillier stated. Maple Resolve was scheduled to take place from May 11 to 24 at Wainwright Alta. It normally involves approximately 5000 personnel and 1450 pieces of major equipment. The exercise gives participating personnel the opportunity to train with a wide variety of weapons, simulation technology, armoured fighting vehicles, and aircraft in order to hone their skills in a realistic setting, short of an actual operation. Another exercise that was to have taken place before Maple Resolve has also been cancelled. That training event, scheduled to run from April 5 to May 5, would have involved around 2,000 troops. Military personnel from the U.S., United Kingdom, France and Brazil had been scheduled to take part in Maple Resolve. Many other nations are also cancelling military exercises because of COVID-19. In addition, the Canadian Forces is also limiting public access to its recruiting centres across the country. The military is continuing to recruit but has asked new applicants to begin their recruiting process using its website. “For those applicants currently going through the recruitment process, please note that all face-to-face interactions will be restricted and by appointment only,” the Canadian Forces added in a social media post. “If contacted for an appointment, please note that we are implementing additional protective protocols including increased questions specific to individual circumstances in order to ensure the continued health of our recruiting teams.” https://ottawacitizen.com/news/national/defence-watch/canadian-military-will-no-longer-release-info-about-numbers-of-personnel-affected-by-covid-19

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