5 avril 2018 | International, Aérospatial, Naval, Terrestre, C4ISR, Sécurité

Dépasser la politique des petits pas. Pour une défense européenne vraiment assumée

5 AVR 2018 , , ,

(B2) Eurodéfense, une association qui regroupe de nombreuses personnalités militant en faveur d'une autonomie européenne de défense, estime que l'Europe doit changer de braquet, passer à la vitesse supérieure, affirmer réellement une politique de défense européenne, l'assumer et s'attaquer aux questions non résolues depuis des années.

Dans cette tribune, signée par plusieurs officiers supérieurs dont les lecteurs de B2 reconnaitront certainement plusieurs noms, différents principes sont posés dont, en tant qu'observateur, nous pouvons partager plusieurs des constats.

Une Europe de la défense, parent pauvre de la construction européenne

L'époque enthousiaste des pères fondateurs, au lendemain de la Guerre, a posé les bases de l'Union européenne. Si l'Europe économique est devenue une réalité, même imparfaite, l'Europe de la défense a vécu plusieurs échecs. Le traité instituant la Communauté européenne de défense en 1950 n'a jamais été ratifié. L'Union de l'Europe occidentale, de 1954 à 2011, est restée une coquille vide. Ce n'est qu'en 1999, après le sommet franco-britannique de Saint Malo, que furent posées les bases d'une politique de défense au plan européen, avec de premiers fruits en 2003, où deux opérations militaires furent lancées sous la bannière bleue étoilée.

Des résultats positifs mais à l'échelle d'un laboratoire

La politique de sécurité et de défense commune (PSDC), bras armé de la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), était née. Elle a donné des résultats plus que positifs, malheureusement insuffisamment connus. En 15 ans, près de 80 000 hommes ont été engagés avec succès dans les opérations de l'Union européenne. Nous avons ainsi célébré le 30 mars les 15 ans de la PSDC opérationnelle, avec l'anniversaire du lancement de la première opération, Concordia, dans l'Ancienne République yougoslave de Macédoine (FYROM). Toutefois, à l'échelle européenne et au regard des besoins, c'est peu. Nous restons à un degré d'engagement de portée limitée, que l'on peut qualifier de « niveau de laboratoire ». De plus, les actions du haut du spectre, envisagées parmi les types de missions élaborées à Petersberg en 1992, n'ont été que très rarement menées. Ces missions, dont l'objectif est le rétablissement de la paix, comportent des modes d'action robustes, incluant l'usage de la force. Continuer ainsi ne suffira pas. Pire, le modèle s'épuisera.

Un monde plus dangereux... ou juste différent

Les besoins ont évolué, face à un monde plus dangereux. Il devient difficile de dissocier action extérieure et sécurité intérieure dans la lutte anti-terroriste. Une défense européenne digne de ce nom se doit de garantir la sécurité de ses citoyens où qu'ils se trouvent, de protéger ses infrastructures et de défendre ses intérêts partout dans le monde. Elle doit pouvoir s'appuyer sur une « base industrielle et technologique de défense européenne » (BITDE) qui soit apte à garantir l'autonomie stratégique européenne, en particulier l'emploi des matériels sans contrainte venant de l'extérieur de l'Europe. Cette BITDE est hélas insuffisante aujourd'hui, en raison notamment du périmètre réduit de la PSDC, maints domaines capacitaires n'étant pas couverts par celle-ci. Il y a là une véritable incohérence.

La complémentarité nécessaire même pour les petits pays

Peu d'États ont la capacité de répondre seuls à l'ensemble des besoins de défense. La complémentarité au niveau européen s'impose. Même la France, qui, en théorie, dispose des moyens d'assurer son autonomie stratégique, fait régulièrement appel à des soutiens extérieurs pour combler ses lacunes, principalement dans les domaines du renseignement et du transport stratégique.

Les limites de la politique des petits pas

La politique des petits pas a montré ses limites, malgré les récentes avancées concrètes que sont le fonds européen de défense, le processus annuel de revue coordonnée des plans nationaux de défense et la coopération structurée permanente. Il faut élever le niveau d'ambition inutilement censuré lors de la création de la PSDC et passer la vitesse supérieure. Une approche globale et collective de la sécurité de l'Europe par les pays européens est désormais indispensable, une approche qui englobe les aspects intérieurs et extérieurs, et qui soit partagée si possible par l'ensemble des États membres de l'UE et à défaut par le plus grand nombre.

Revoir la complémentarité OTAN-UE

Cela implique notamment une réflexion sur la complémentarité entre l'OTAN et l'UE. L'actuelle répartition des rôles entre une OTAN garante de la sécurité collective et une PSDC tournée exclusivement vers l'action extérieure n'est à l'évidence plus pertinente : elle ne permet pas aux Européens d'exercer collectivement leurs responsabilités de défense, en dépit des dispositions volontaristes prises récemment par ceux-ci pour resserrer leur coopération. Même la mesure phare de la complémentarité entre les deux organisations, l'accord dit de Berlin Plus, signé en 2003, qui donnait à l'Union un accès aux moyens de commandement de l'OTAN, n'est plus opérante en raison notamment du différent turco-chypriote.

Assumer une défense européenne

Il est temps de s'engager dans une défense européenne vraiment assumée. La simple relecture des documents européens – le traité de Lisbonne de 2007, la Stratégie européenne de sécurité intérieure 2015-2020, la Stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l'UE de 2016 – fournit suffisamment d'éléments pour faire émerger une telle défense. La capacité d'agir sur l'ensemble du spectre des opérations, de l'assistance humanitaire à l'engagement de haute intensité, comprend, avec les opérations de projection, des opérations de solidarité et d'assistance mutuelle sur le thé'tre européen. Ces dernières qui font partie de la défense collective, sont menées en cohérence avec les engagements pris au sein de l'Alliance Atlantique par les États qui en sont membres. Par ailleurs, les textes autorisent un niveau de flexibilité original : l'article 44 du traité de Lisbonne donne aux instances européennes la possibilité de déléguer la conduite d'une opération à un groupe d'États membres. Et la Coopération structurée permanente, récemment décidée, est le support adapté pour le développement de capacités nouvelles.

Rééquilibrer le pacte atlantique

C'est une politique de défense européenne complète, affirmée, active et opérationnelle qui peut alors se mettre en place. Gr'ce à des Européens stratégiquement plus autonomes, elle devrait avoir pour première conséquence une évolution du lien transatlantique qui, tenant compte de l'histoire et de nos valeurs communes, devra être rénové. Rééquilibré et assumé, le nouveau pacte atlantique devra permettre à l'Europe de devenir un partenaire fiable, crédible et écouté. Restent à définir les voies permettant cette évolution.

Revoir les processus de décision nationale et le financement en commun

Il faudra pour cela affronter les sujets de discordance ou de blocage entre Européens, plutôt que de les passer sous silence, de peur de détruire un hypothétique équilibre obtenu à force de concessions. Les règles d'engagement et les spécificités juridiques, notamment pour l'usage de la force, seront à harmoniser. Les processus décisionnels nationaux nécessiteront dans certains cas la définition de boucles courtes, permettant la réaction dans l'urgence, comme dans les catastrophes humanitaires. Il faudra travailler sur les contributions budgétaires des États pour les opérations, les rendre plus équitables et renforcer l'importance du fonds européen de défense.

Avoir une politique claire vis-à-vis des citoyens

Les principes suivants inspireraient la démarche. D'abord, les citoyens européens doivent recevoir des réponses simples et compréhensibles à leurs besoins de sécurité et de défense. Aujourd'hui, si, selon l'Eurobaromètre de l'automne 2017, les trois quarts d'entre eux continuent à plébisciter l'Europe de la Défense, ils n'ont pas une idée claire de sa réalisation, tant les discours sur les rôles partagés entre l'Alliance Atlantique, la PSDC et la défense nationale sont complexes et indigestes. Quand nos dirigeants se seront engagés résolument pour une défense européenne souveraine, ils pourront apporter de telles réponses.

Tenir compte des différences et de la souveraineté des États

Le principe de la subsidiarité et de la complémentarité avec les États doit être préservé. La subsidiarité est incontournable, le domaine de la défense restant de la responsabilité des États et la souveraineté européenne ne pouvant s'exercer que gr'ce aux contributions de ceux-ci en troupes aguerries et en équipements. Si les menaces et les risques sont perçus avec un degré d'intensité différent selon les États, ils doivent conduire à la complémentarité des actions, basée sur les savoir-faire spécifiques de chacun. Par exemple, certains pays ont une culture de projection développée, comme la France ou l'Espagne, autorisant notamment l'intervention en Afrique. D'autres, comme l'Allemagne ou la Pologne, sont plus tournés vers la défense collective. Cela n'empêche pas chacun d'entre eux de participer aux missions, mais avec des degrés d'engagement différents. Les clauses de solidarité et d'assistance mutuelle entre les États, notamment en cas d'attaque terroriste, telles qu'elles sont décrites dans le traité de Lisbonne, ne doivent pas rester lettre morte ; elles doivent être assumées.

Avoir réellement une autonomie stratégique

C'est à ce titre que cette défense gagnera en souveraineté. Les initiatives lancées par le Président de la République dans son discours de la Sorbonne de septembre 2017, comme le développement d'une capacité d'action autonome, autoriseront la continuité entre les États et l'Europe, comme celle entre missions extérieures et intérieures. L'autonomie stratégique d'une défense aux contours élargis pourra alors être soutenue dans le même périmètre par une BITDE ayant des capacités de recherche et développement complètes et autonomes. Il s'agira de gagner alors la bataille des normes industrielles. Dernier principe, cette Europe de la défense souveraine devra multiplier les partenariats, notamment avec ses voisins immédiats. Elle renouvellera le lien transatlantique, rééquilibré gr'ce à un meilleur partage du fardeau.

Un livre blanc européen nécessaire

Pour tout cela, un Livre blanc, dont EuroDéfense-France est un ferme partisan, s'avère nécessaire, avec l'établissement d'une feuille de route ambitieuse. Ainsi, pourra être construite la défense d'une « Europe souveraine, unie, démocratique » pour reprendre les termes du Président de la République.

Les membres du bureau de l'association EuroDéfense-France : Patrick Bellouard (président d'EuroDéfense-France, IGA 2S), Maurice de Langlois (général 2S, ancien directeur de recherche IRSEM), Jean-Didier Blanchet (ancien DG d'Air France), Jean-Charles Boulat (directeur des affaires UE et OTAN du groupe industriel Naval Group), François Bresson (général 2S, ancien directeur de l'Institut des hautes études de défense nationale-IHEDN), Patrick de Rousiers (général d'armée aérienne 2S, ancien président du comité militaire de l'Union européenne), Michel Desmoulin (président d'honneur de l'Union des associations d'auditeurs de l'IHEDN), Jacques Favin-Lévêque (général 2S, ancien délégué général du Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres), Patrick Hébrard (vice-amiral d'escadre 2S), Jean-Loup Kuhn-Delforge (ancien ambassadeur), François Laumonier (ancien ambassadeur), Jean-Paul Palomeros (général d'armée aérienne 2S, ancien chef d'état-major de l'armée de l'air, ancien commandant allié transformation de l'OTAN), Jean-Paul Perruche (général 2S, ancien directeur général de l'état-major de l'Union européenne), Claude Roche (ancien directeur de la stratégie défense d'EADS, Vice-président de l'Académie de l'air et de l'espace), Philippe Roger (IGA 2S), Cyrille Schott (ancien directeur de l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice) et Denis Verret (président, DV Conseil).

Les propos ci-dessus n'engagent que leurs auteurs. Les intertitres sont de la rédaction. Cette opinion a été publiée également dans le quotidien français La tribune

https://www.bruxelles2.eu/2018/04/05/depasser-la-politique-des-petits-pas-pour-une-defense-europeenne-vraiment-assumee/

Sur le même sujet

  • Belgium Contracts 322 Joint Light Tactical Vehicles (JLTV) from Oshkosh Defense

    14 octobre 2020 | International, Terrestre

    Belgium Contracts 322 Joint Light Tactical Vehicles (JLTV) from Oshkosh Defense

    Oshkosh Defense Oshkosh, Wis. October 13, 2020 — Oshkosh Defense, LLC, an Oshkosh Corporation (NYSE: OSK) company, announced today that the Belgium Ministry of Defence has awarded Oshkosh Defense a contract for 322 Oshkosh Defense Command and Liaison Vehicles (CLV) for the Belgium Defence Forces. The Belgian CLV is the proven Joint Light Tactical Vehicle (JLTV) platform from Oshkosh equipped with Belgian communication systems. The JLTV is currently used by the U.S. military. “Oshkosh Defense is honored that Belgium has chosen to equip its armed forces with the Oshkosh CLV,” said John Bryant, Executive Vice President, Oshkosh Corporation, and President, Oshkosh Defense. “The Oshkosh CLV offers Belgian soldiers the world's most advanced light military vehicle, delivering next-generation levels of protection, off-road mobility, speed, transportability, and seamless operational and logistical interoperability with North Atlantic Treaty Organization (NATO) allies,” Bryant continued. “The Belgian Defence opted for a worldwide competition in which “money for value” was the only criterion,” said Director Land Systems Colonel Filip De Varé. “The CLV will be integrated in the CaMo program, an international partnership between the French and Belgian land forces.” Traditionally procured via foreign military sales, the Belgian procurement marks Oshkosh Defense's first large direct commercial sale of a JLTV-based vehicle. Belgium joins the United States, the United Kingdom, Lithuania, Slovenia, and Montenegro in choosing this vehicle. As a globally recognized leader in the design and production of military vehicle systems, Oshkosh Defense has the capacity to support both domestic and international customer demand. About Oshkosh Defense Oshkosh Defense is a global leader in the design, production and sustainment of best-in-class military vehicles and mobility systems. As a pioneer of combat-ready vehicle solutions, Oshkosh develops and applies emerging technologies that advance troop safety and mission success. Setting the industry standard for sustaining fleet readiness, Oshkosh ensures every vehicle is supported worldwide throughout its entire life cycle. Oshkosh Defense, LLC is an Oshkosh Corporation company [NYSE: OSK]. Learn more about Oshkosh Defense at www.oshkoshdefense.com About Oshkosh Corporation At Oshkosh (NYSE: OSK), we make innovative, mission-critical equipment to help everyday heroes' advance communities around the world. Headquartered in Wisconsin, Oshkosh Corporation employs more than 15,000 team members worldwide, all united behind a common cause: to make a difference in people's lives. Oshkosh products can be found in more than 150 countries under the brands of JLG®, Pierce®, Oshkosh® Defense, McNeilus®, IMT®, Frontline™, Jerr-Dan®, Oshkosh® Airport Products, CON-E-CO® and London™. For more information, visit www.oshkoshcorp.com ®, ™ All brand names referred to in this news release are trademarks of Oshkosh Corporation or its subsidiary companies. https://www.epicos.com/article/636164/belgium-contracts-322-joint-light-tactical-vehicles-jltv-oshkosh-defense

  • The new Air Force One just racked up its first cost overrun

    30 avril 2020 | International, Aérospatial

    The new Air Force One just racked up its first cost overrun

    By: Valerie Insinna WASHINGTON — Boeing will have to pay $168 million out of pocket to cover increased costs on the VC-25B Air Force One replacement program, the company said Wednesday. Boeing attributed the overrun to “engineering inefficiencies” caused by the impact of COVID-19, but Chief Financial Officer Greg Smith said the program remains on schedule with a projected delivery of the first VC-25B in 2024. However, Boeing's quarterly report to the Security and Exchange Commission noted future risk to the program's cost and schedule as a result of the engineering challenges. “We believe these inefficiencies will result in staffing challenges, schedule inefficiencies and higher costs in the upcoming phases of the program,” the company stated in the report. It was not immediately clear how work on the VC-25B program had been disrupted. “That charge was really associated with COVID-19,” Smith told reporters in an April 29 phone call. “As we have folks working virtually — particularly on the engineering side — as well as that's gone, we certainly experienced some inefficiencies that has caused us to re-evaluate our estimates to complete those efforts. And that's essentially what you saw today in our results and the charge associated with that.” Smith added that although the program team has done a “good job” of managing the program in the face of changes caused by the novel coronavirus pandemic and is “executing very well on many fronts,” Boeing could not mitigate the added cost to the program this financial quarter. Air Force acquisition executive Will Roper said he spoke with Boeing Defense CEO Leanne Caret last night about the problem, but because the issue was “late breaking,” he referred detailed questions to the program office. On Wednesday night, the Air Force released a statement that — like Boeing — attributed the cost increase to “engineering inefficiencies.” Just two weeks ago, Roper praised the progress of the program, which used virtual tools to complete its critical design review in March and wrap up a modification readiness review in April. At the time, the program was on schedule with no disruptions due to COVID-19, he said then. The Air Force One replacement drew considerable attention in 2016 after then-President-elect Donald Trump tweeted that the program was too expensive and should be cancelled unless the cost—then projected as more than $4 billion—came down. In 2018, the Air Force awarded Boeing a $3.9 billion fixed-price contract to modify two 747s into the VC-25B configuration. " There has not been an increase to the $3.90B firm-fixed price contract with Boeing or the $5.3B VC-25B total acquisition cost," said Air Force spokeswoman Ann Stefanek. Although the total price of the program is estimated to hit $5.3 billion once ancillary costs such as new hangars and revised technical manuals are included, the fixed-price ceiling on the $3.9 billion deal ensures that Boeing will have to pay for any cost growth incurred while building the two new Air Force Ones. In February, Boeing began making structural changes to two Boeing 747s at its facility in San Antonio, Texas — paving the way for those jets to become VC-25Bs. The jets will also receive upgrades including enhanced electrical power, specialized communication systems, a medical facility, a customized executive interior and autonomous ground operations capabilities. “As planned in the baseline schedule, the next phase of modification is on course to begin in June 2020,” Stefanek said. https://www.defensenews.com/air/2020/04/29/the-new-air-force-one-just-racked-up-its-first-cost-overrun/

  • New Strategy Outlines Path Forward for Artificial Intelligence

    13 février 2019 | International, C4ISR, Autre défense

    New Strategy Outlines Path Forward for Artificial Intelligence

    The Department of Defense on Feb. 12 released the summary of its strategy on artificial intelligence. The strategy, Harnessing AI to Advance Our Security and Prosperity, outlines how DOD will leverage AI into the future. Key tenets of the strategy are accelerating the delivery and adoption of AI; establishing a common foundation for scaling AI's impact across DOD and enabling decentralized development and experimentation; evolving partnerships with industry, academia, allies and partners; cultivating a leading AI workforce; and leading in military AI ethics and safety. The department's strategic approach to AI emphasizes its rapid, iterative, and responsible delivery and then the use of lessons learned to create repeatable and scalable processes and systems that will improve functions and missions across the department. AI is poised to change the character of the future battlefield and the pace of threats faced in today's security environment. The United States, together with its allies and partners, must adopt AI to maintain its strategic position and prevail on future battlefields. AI will impact every corner of the department, spanning operations, training, sustainment, force protection, recruiting, healthcare and others. The focal point of DOD AI is the Joint Artificial Intelligence Center, established last June under DOD Chief Information Officer Dana Deasy and led by Lt. Gen. John "Jack" Shanahan, to provide a common vision, mission and focus to drive department-wide AI capability delivery. DOD's AI strategy supports the National Defense Strategy and is part of DOD's overall efforts to modernize information technology to support the warfighter, defend against cyber attacks and leverage emerging technologies. More information is available on defense.gov: Artificial Intelligence Strategy Fact Sheet https://dod.defense.gov/News/News-Releases/News-Release-View/Article/1755388/new-strategy-outlines-path-forward-for-artificial-intelligence/source/GovDelivery/

Toutes les nouvelles